Aller au musée des Beaux-Arts ?
Pour ma part, je suis venu dans un atelier des beaux-arts du musée de ma ville en reculant et je dois dire que je partais alors dans l'inconnu. Les musées étaient d'abord, pour moi, des lieux mystérieux et poussiéreux où se retrouvent, dans le silence, des personnes cultivés et endimanchés. Aller au musée, c'était pour moi comme une punition, une corvée que l'on voudrait éviter. Ben oui ! Imaginez un lieu fermé où on est censé devoir se taire et rester longtemps debout ...
Ce que j'y ai vu moi ? Et bien, vous savez pas ... mais le musée des Beaux-Arts n'était pas du tout ce que je croyais. D'abord, on est accueilli avec le sourire. On retrouve un groupe, des têtes que l'on connait et on fait connaissance avec les nouveaux … et puis … pendant quelques heures, je me retrouve plongé dans ce lieu à part, une sorte bulle à l'écart du monde et d'une société pleine de stress et de technologique.
Les ateliers démarrent toujours par un petit cadeau très apprécié : le privilège de pouvoir visiter la nouvelle exposition temporaire et la possibilité de s'initier à une nouvelle culture. Sans rire ! Et là, on nous laisse alors entrer, tous ensemble, dans de grandes et belles salles lumineuses ou bien assombries.
Certes, la visite peut-être longue et c'est vrai qu'il faut souvent rester debout ou piétiner et puis respecter le silence pour écouter les commentaires avisés de notre amie Claude ... Mais souvent, comme une récompense, on a le sentiment de vivre ensemble des moments vraiment privilégiés.
Arrive ensuite l'atelier manuel proprement dit. On écoute, de nouveau, les explications des artistes experts qui nous font alors entrer dans un nouveau monde avec ses nouveaux repères à devoir appréhender et domestiquer. On blague, on rie de notre embarras et puis on s’encourage. Pour moi, c'est souvent la peur de la feuille blanche ou du vide à combler. Et puis ce n’est pas si facile d’essayer de faire des beaux-Arts. Il me manque alors un peu de confiance, un manque de lâcher prise peut-être … et c’est pour cela que moi je regarde alors chez mes voisins de l'inspiration … ou alors je demande l'aide, un soutien et puis ça repart … à grands coups de pinceaux, de ciseaux ou de tubes de colle.
Moi j'admire vraiment ceux et surtout celles qui sont alors comme dans un environnement familier, à l'aise tout de suite, avec une démarche énergique tel un véritable défouloir.
Enfin, ce que j'apprécie aussi, c'est quand j'ai fini et que j'ai la possibilité de faire la tournée de tous les chefs d'œuvres … et alors moi, je suis souvent plein d’admirations …
Le musée des B.Arts est devenu, avec le temps, un des rares lieux d'échange, de retrouvailles et de rencontres humaines dans la ville et ces ateliers me permettent à moi et d'autres d'accéder à des cultures dites inaccessibles. Ces ateliers permettent alors, à chaque participant, avec la caution du groupe, de se défouler sur son propre dessin et de lever une partie de nos blocages émotionnels et de nos préjugés sur la culture du à notre éducation. Ces ateliers nous donnent aussi l'occasion de comprendre l'intérêt de l'assiduité, de la présence régulière pour développer l'envie, le besoin et la persévérance. Ces ateliers favorisent ainsi le développement d'une nouvelle forme d'autonomie, de débrouillardise et la RE-découverte d'une liberté de geste et de pensée. Enfin, c'est à travers le regard de tous les participants d'origine étrangère qui nous ont rejoint pour réaliser des peintures ou des dessins, que j'observe que la beauté et l'émotion transmises sont comme autant d'outils de communication universelle. Ces ateliers sont vraiment un vrai retour aux sources et à une transmission aux autres de nos émotions, de nos sentiments par des messages simples. Pour moi et pour tous ceux qui étaient alors présent, cela nous a fait vraiment du bien.